Après l’Argentine, l’équipe de France enchaîne son deuxième adversaire sud-américain dans la phase à élimination directe, en attendant, peut-être, le Brésil en demi-finale. Une progression linéaire, car l’Uruguay apparaît bien plus complet et dangereux que l’Argentine.
En six oppositions depuis 1966, la France n’a jamais gagné contre l’Uruguay. Alors oui, cette Coupe du monde a déjà mis fin à quelques règles ancestrales (l’Allemagne qui passe le premier tour, l’Angleterre qui perd aux tirs au but, …). On peut espérer que ce soit de nouveau le cas. D’autant qu’en Coupe du monde, France et Uruguay ne se sont affrontés qu’en phase de groupe. A moins que cela ne se règle aux penaltys à l’issue d’un match nul. Rien de révolutionnaire, puisque ces deux sélections se sont quittés dos à dos quatre fois sur six.
Cette confrontation a aussi tout d’un match fermé : seuls quatre buts ont été inscris dans les France-Uruguay, quatre ont affiché un score nul et vierge, dont deux en Coupe du monde (en 2010 et 2002). Une tendance qui devrait se poursuivre, puisque la défense est le point fort des deux formations.
Deux défenses solides
Depuis le début du Mondial, la défense tricolore s’est montrée relativement solide. Cependant, les trois buts concédés face à l’Argentine peuvent inquiéter. Si les défenseurs Bleus ont l’avantage dans le domaine aérien par rapport à leurs homologues uruguayens, tous les autres indicateurs sont au bénéfice de la Celeste. Ce qui est préjudiciable pour la France, c’est sa propension à commettre des fautes (sur l’ensemble de l’équipe). Elle se situe au 28e rang sur 32 équipes au nombre de fautes commises ! L’Uruguay défend plus proprement, en commettant moins de fautes et prenant beaucoup moins de cartons jaunes. Cependant, on peut relativiser pour deux raisons : le joueur commettant le plus de fautes, Matuidi, sera suspendu pour ce match, et le second est Olivier Giroud, qui ne commet donc pas des fautes près de son but.
Le match des gardiens
Si on peut dire que les deux équipes sont capables de bien défendre, elles ne sont pas égales au niveau de leur gardiens. Loin de ses meilleures performances, Hugo Lloris n’a pas brillé depuis le début de la Coupe du monde. Avec seulement quatre arrêts effectués, il a très peu été décisif, au point qu’on est le sentiment que ce soit un tir = un but face à lui. Ce n’est que partiellement vrai, puisqu’il a stoppé la moitié des tirs cadrés qu’il a eu à défendre. Son bilan est égal à celui de Caballero (Argentine), d’El Kajaoui (Tunisie) ou d’El Shenawy (Égypte). Au taux de tirs arrêtés, les cinq portiers moins bons que lui ne rassurent pas :
-un De Gea passé à côté de son Mondial (14,3 %).
-le gardien polonais Szczesny (16,7 %).
-la passoire numéro 2 de l’Argentine, Armani, et Al Mayouf, le gardien saoudien face à la Russie (28,6 %).
-le pauvre gardien panaméen Penedo (45 %).
En face, Muslera fait au contraire partie des meilleurs gardiens de ce Mondial. Avec ses onze parades, il figure au septième rang au nombre d’arrêts, et il est sur le podium avec un taux de tirs stoppés excellent de 92 %. Les seuls à avoir fait mieux sont Fabianski et Mandanda (100 % de tirs arrêtés), qui n’ont joué que le troisième match de poule…
Le milieu et les coups de pieds arrêtés, autres points forts uruguayens
Comme la paire Kanté-Pogba, le milieu de terrain uruguayen est à la base de la solidité défensive. Mais, là où ce travail de récupération est relativement dévolu qu’à deux joueurs chez la France (quand Matuidi n’est pas là), il est partagé à parts quasi égales par les quatre milieux de la Celeste. Si le nombre de ballons récupérés par Kanté et Pogba est similaire (60), ils sont dépassés au nombre d’interceptions (26 à 17), ce qui démontre la capacité des joueurs uruguayens à lire le jeu et à anticiper. Peut-être une raison qui explique le plus faible nombre de fautes commises. En plus de son travail défensif, le milieu uruguayen n’est pas malhabile avec le ballon et a très peu de déchet dans son jeu de passes, principalement par l’intermédiaire de Vecino et de Bentancur.
La défense des Bleus devra se méfier de la menace adverse sur coups de pieds arrêtés : quatre des sept buts uruguayens l’ont été sur coups francs ou corners. La Celeste porte régulièrement le danger sur ces phases de jeu, avec huit passes clés (passes amenant à un tir). Loin des trois passes clés des Bleus sur coups francs ou corners. De plus, l’Uruguay s’est montré très performant sur les longs ballons et les centres, avec vingt passes clés suite à ces situations. Seuls six centres et un long ballon ont abouti à un tir côté Bleus.
Cavani, le facteur x
L’absence plus que probable d’Edinson Cavani vendredi est une bonne nouvelle indéniable pour la France, quoi qu’en pense certains. L’attaquant du Paris-Saint-Germain a d’abord un rendement similaire à Kylian Mbappé, avec trois buts marqués sur les sept de son équipe. Vous diriez qu’une absence de Mbappé ne changerait rien, vous ? Oui, l’Uruguay repose avant tout sur son collectif, Cavani n’est pas tout et Luis Suarez sera bien là, a priori. Mais sur un certain nombre de points, Cavani fait mieux que Suarez sur cette Coupe du monde : il a marqué un but de plus et a été un peu plus précis que son compère, il réussi beaucoup plus de passes, même s’il réalise moins de passes clés. En revanche, Cavani a remporté bien plus de duels que Suarez, et il a perdu moins de ballons. Stuani aura fort à faire pour faire oublier El Matador.
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Pixabay, stux, Coupe du monde Russie 2018, Licence CC0 1.0