France-Argentine : les Bleus se sont lâchés

Contre un adversaire indigent, l’équipe de France s’est longtemps fait peur, mais a finalement balayé l’Argentine. Rendez-vous contre l’Uruguay en quarts de finale.

Dix minutes d’observation timide. Un penalty obtenu sur la première banderille de Kylian Mbappé, transformé par Griezmann. Un recul et une mauvaise gestion permettent à l’Argentine de refaire surface en fin de première mi-temps, par l’intermédiaire d’un de ses fantômes, Di María. Un début de deuxième période sur la même lancée, sanctionné par un but casquette de Mercado. Et puis le pétard de Benjamin Pavard renverse la rencontre pour la troisième et dernière fois. Après l’égalisation, l’Argentine de délite et la France en profite avec deux buts de Mbappé. Victoire un peu moins large après le but anecdotique d’Agüero dans les arrêts de jeu (4-3).

Mbappé au top, Kanté-Pogba efficaces

Comme annoncé, la défense argentine, notamment l’aile gauche, pouvait prendre l’eau avec les vagues Mbappé. D’autant que la récupération des milieux n’était pas efficace. Cette fois encore, les trois milieux alignés (Mascherano, Banega, Pérez) ont ratissé 13 ballons, deux de moins que la paire Pogba-Kanté à elle seule, sept de moins en ajoutant Matuidi. Kylian Mbappé a parfaitement tiré parti du gruyère sud-américain : d’abord à la 11e minute quand il contraint Rojo à la faute dans sa surface, sur un contre à la 30e où il manque son dribble dans la surface, puis sur le quatrième but à la 67e. Très en réussite dans ses duels et ses dribbles, la joueur parisien a marché sur l’Albiceleste.

Associés à Matuidi pour bloquer Messi, N’Golo Kanté et Paul Pogba ont pris l’ascendant avec près de 60 % de duels remportés. Si Pogba a un peu moins joué vers le camp adverse que sur les matchs précédents, son jeu de passes a été assez propre. Avec 134 ballons touchés à eux deux, ils sont les deux Français à en avoir touché le plus. Avec seulement sept pertes de balles, principalement de la part de Pogba (six), mais seulement trois dans leur camp.

Griezmann, toujours pas

Oui, il a marqué son second but du Mondial. Encore sur penalty. Il n’a d’ailleurs cadré que son penalty sur trois tentatives, avec son coup franc sur la barre. Avec 33 ballons touchés (autant Lloris), Antoine Griezmann n’a pas pesé sur le jeu des Bleus. Une nouvelle fois, pourrait-on dire. S’il a réussi son seul dribble du match, il n’a gagné que 40 % de ses duels et n’a effectué aucune passe clé pour ses partenaires. Gênant, pour celui qui est censé être le leader technique de l’attaque française.

Une Argentine bien pâle

Le problème de construire une équipe entièrement autour d’un joueur, c’est qu’en fait ça ne suffit pas. Diego Maradona n’avait pas que des peintres autour de lui en 1986. L’équipe qui entoure Lionel Messi, je ne lui confierais même pas la déco de ma cuisine. Des gardiens indigents, même si Armani vaut mieux que Caballero, un peu. Des défenseurs faibles dans les duels, notamment Tagliafico et Rojo sur la partie gauche. Une récupération au milieu de terrain faiblarde, on l’a dit. Et un mental qui s’est effrité lorsque la France a recollé à 2-2 pour ne jamais remonter. Avoir encaissé trois buts de cette équipe est presque un point noir pour les Bleus, même si un est un peu chanceux et que le troisième est anecdotique.

Au milieu du marasme, Lionel Messi s’est démené en vain. Décisif sur les deux derniers buts argentins, il n’a pas pu masquer les manques de l’Albiceleste dans ce Mondial plus longtemps. Une fois encore, il n’a pas trouvé la faille dans un match à élimination directe de Coupe du monde. L’heure de la vraie retraite internationale a probablement sonné…