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Attaque ou défense : qui fait gagner des titres en Coupe du monde ?

World Cup Project #15. Si les meilleures attaques de la Coupe du monde ont majoritairement atteint le dernier carré, c’est beaucoup moins le cas pour les meilleures défenses. Bien défendre c’est bien, mais ça ne fait pas forcément gagner.

Pratiquer un football offensif réussi souvent en Coupe du monde, puisque les meilleures attaques en nombre de buts inscris ont toujours atteint le dernier carré, et les meilleures attaques en nombre de buts par match l’ont fait quinze fois sur vingt. Mettre le bus devant la défense, en revanche, apporte un peu moins de succès dans l’histoire de la compétition.

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Les meilleures défenses en buts/match de chaque Coupe du monde.

Plus encore que pour évaluer les performances des meilleures attaques, il faut ici s’intéresser au nombre de buts par match. En effet, ne regarder que le nombre de buts encaissés peut fausser les choses : deux équipes n’ayant pris que deux buts peuvent avoir fait des parcours complètement opposés. L’une peut avoir joué la finale et l’autre ne pas avoir passé le premier tour. C’est le rapport du nombre de matchs disputés qui met en lumière l’efficacité défensive. Alors qu’une équipe marquant plus d’une dizaine de buts, comme c’est le cas pour toutes les meilleures attaques, passe quasi mécaniquement le premier tour.

Angleterre, Italie et Brésil, ces champions du monde qui défendent bien

Dans le top 10 des meilleures défenses en Coupe du monde, en buts encaissés par match en moyenne, on retrouve trois équipes championnes du monde. Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas l’Italie qui a la meilleure défense mais l’Angleterre. Avec 56 buts pris en 62 rencontres, les Three Lions encaissent 0,90 but par rencontre. L’Italie n’est cependant pas très loin, avec 0,93 but par match (77 buts en 89 matchs). Quant au Brésil, déjà présent parmi les trois meilleures attaques, il figure aussi parmi les dix meilleures défenses, avec 0,98 buts/match (102 buts en 104 matchs).

En tête de ce top, on trouve l’Angola, qui lors de sa seule participation en 2006 n’a encaissé que deux buts, mais en seulement trois matchs (0,67 buts/match). Deux équipes présentes ont disputé plus de dix matchs sans être championne du monde : l’Irlande, qui n’a pris que dix buts en treize matchs (0,77) et les Pays-Bas, dont les gardiens se sont inclinés 48 fois en 50 rencontres (0,96). Petite anecdote : un des dix buts encaissés par l’Irlande fut l’œuvre d’un néerlandais illustre, Ruud Gullit, qui n’a marqué qu’une fois en Coupe du monde dans sa carrière.

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Comment avoir la meilleure défense ?

Contrairement au cas des meilleures attaques, on ne constate pas une évolution dans les tactiques à des fins défensives. Car quand un schéma tactique fonctionne, c’est-à-dire qu’une équipe gagne avec ou brille par son jeu, il est adopté par d’autres. Ce fut le cas du 4-2-4 hongrois, du 4-3-3 néerlandais ou du 3-5-2 argentin. Du coup, les meilleures défenses évoluaient elles aussi en 4-2-4 ou 4-4-2, ou 4-3-3. La différence se faisait au niveau de la mentalité et des consignes du sélectionneur.

Par exemple, l’Angleterre de 1966 variait entre un 4-3-3 et un 4-2-4, mais un minimum de six joueurs sur le terrain avaient pour consignes de venir défendre, comme le signale le rapport technique du tournoi (page 25). Douze ans plus tard, l’Écosse, qui dispose pourtant de Kenny Dalglish et Dennis Law en attaque, privilégie le contre. C’est malheureusement pour cela qu’elle ne s’impose que 2-0 contre le Zaïre, ratant la qualification au deuxième tour pour un but de différence avec le Brésil, tombeur 3-0 des Zaïrois. Enfin, la Norvège, alignée en 4-4-2 en 1994, a une défense très disciplinée, qui prend en moyenne près de six fois par match les joueurs adverses au piège du hors-jeu.

Le Catenaccio

Un schéma résolument défensif connu néanmoins le succès et se propagea, le Catenaccio. Né en France dans les années 1920, adapté par la Suisse au Mondial 1938, puis par Nereo Rocco à Trieste et au Milan AC, ce système est magnifié par Helenio Herrera à la tête de l’Inter Milan. Il gagne trois Scudetti et deux Coupes d’Europe des clubs champions avec ce 5-4-1 utilisant un joueur derrière la ligne de quatre défenseurs, le libéro.

Le Catenaccio fut utilisé par la Nazionale après le crash de Superga en 1949, qui décima l’équipe du Torino, ossature de la sélection. Renforcer la défense est une solution souvent employée pour combler la faiblesse relative d’un effectif. Il fut réutilisé en 1990, dans une forme plus light, avec seulement trois défenseur devant le libéro. l’Italie termine troisième de sa Coppa del mondo, avec la meilleure défense (0,3 but encaissé par match).

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Les gardiens décisifs

Dernier rempart, le gardien joue nécessairement un rôle dans la performance défensive de son équipe. Cependant, le travail effectué en amont par les joueurs de champs peut le préserver, et toutes les sélections ayant terminé meilleures défenses en Coupe du monde n’ont pas eu un gardien particulièrement décisif. Parmi les cas célèbres, on peut citer José Luis Chilavert, le gardien paraguayen. Son niveau de 1998 n’est pas étranger au fait que le Paraguay est la deuxième meilleure défense du tournoi derrière la France (0,5 but encaissé par match). Ses nombreuses parades et arrêts face à la France en huitième l’ont bien prouvé.

Quatre ans plus tard, Oliver Kahn porte en partie la Mannschaft vers la finale. Si l’Allemagne enquille les victoires 1-0 à partir des huitièmes de finale, le portier du Bayern Munich se montre décisif à plusieurs reprises. À tel point qu’il chipe le titre de meilleur joueur de la Coupe du monde 2002, promis à un Ronaldo au sommet de son art, qui lui plante un doublé en finale. Kahn reste le seul gardien à avoir réussi cela.

Plus près de nous, Keylor Navas a aussi joué ce rôle de gardien salvateur. Si le Costa Rica évolue en 5-4-1 lors du Mondial 2014, c’est en grande partie grâce à celui qui est transféré au Real Madrid la saison suivante. Il termine homme du match trois fois de suite : lors du dernier match de groupe contre l’Angleterre, où il préserve le 0-0, contre la Grèce, où il arrête le dernier tir au but de Gekas, et contre les Pays-Bas, où il préserve les chances des siens jusqu’aux tirs aux buts, malgré la dizaine d’occasions pour les Oranjes.

Bien défendre en Coupe du monde : pas toujours un gage de succès

Avoir la meilleure défense fait-elle la différence ? Si on observe le résultat de celles-ci à chaque édition (la meilleure défense au terme de la compétition), elles ont terminé douze fois en dehors du dernier carré. Cela représente une différence majeure avec le bilan des meilleures attaques, qui ont atteint ce stade quinze fois sur vingt, si on prend le nombre de buts marqués par match en moyenne.

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Cependant, si on regarde les résultats des meilleures défenses parmi les quatre demi-finalistes, on s’aperçoit que la meilleure d’entre elles a été championne du monde dans dix cas sur vingt, contre cinq finalistes. Trois ont terminé troisième, et deux quatrièmes. Cela conforterait l’idée qu’avoir la meilleure défense permet de remporter les titres et les places d’honneur.

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Oui, mais en comparant avec le résultat des meilleures attaques des derniers carrés, on se rend compte que le jeu offensif a plus d’impact. Ces dernières ont remporté la Coupe du monde a neuf reprises tandis que seulement trois ont perdu en finale. C’est encore plus flagrant dans les matchs pour la troisième place, puisque la meilleure attaque du dernier carré y a terminé sept fois. Seule la France de 1982 a terminé quatrième avec la meilleure attaque des demi-finalistes (et la meilleure attaque du tournoi). La meilleure attaque du final four a donc terminé sur un succès dans 16 cas sur 20 (championne du monde ou troisième), tandis que la meilleure défense ne l’a fait qu’à 13 reprises. Mais la différence se fait au niveau des matchs pour la troisième place. En comparant l’issue des deux ultimes matchs, on voit que la situation penche pour la défense en finale, avec treize victoires contre onze, et pour l’attaque en petite finale, qui s’est imposée dans quinze de ces vingt rencontres.

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On peut donc conclure que la meilleure défense au niveau des demi-finalistes donne un peu plus de chances d’être champion du monde, tandis que la meilleure attaque triomphe bien plus souvent pour la troisième place. Mais globalement, les équipes les plus offensives atteignent beaucoup plus souvent ce stade de la compétition.

Crédit photo :

Wikipedia Commons, Inconnu, La formazione dell’Italia scesa in campo contro l’Argentina nella semifinale del campionato del mondo 1990, domaine public

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