Analyse à froid #11. Poussés en prolongation par une équipe du Red Bull Salzbourg décidément renversante, les Olympiens ont arraché leur ticket pour la finale à Lyon. Ils croiseront le fer avec l’Atletico Madrid d’Antoine Griezmann.
La Real Sociedad, le Borussia Dortmund et la Lazio Rome : le tableau de chasse du RB Salzbourg avait de quoi inquiéter l’OM. Menés 2-0 au coup d’envoi, les Autrichiens ont refait leur retard et obligé Marseille a jouer la prolongation. Après une grosse frayeur quand Pelé stoppe une tête de Ćaleta-Car (98e), celle-ci a tourné à l’avantage des Phocéens à la 115e minute, lorsque le défenseur portugais Rolando trompe Walke sur un corner de Payet. Par la suite, les Autrichiens perdent logiquement espoir et leurs nerfs : leur meilleur joueur hier soir, Haidara, auteur de l’ouverture du score (52e), est expulsé pour un second jaune (118e).
Contrat rempli, donc, pour l’Olympique de Marseille, qui disputera la finale de cette Ligue Europa, au Groupama Stadium de Lyon. L’avantage du terrain, ou au moins du pays, ne sera pas de trop pour espérer faire l’exploit contre un Atletico Madrid, qui se présente avec une bonne gueule de favori. En même temps, le Milan AC de 1993 en avait l’allure aussi…
Les dix minutes folles de Salzbourg
Invaincu à domicile depuis 2016 et 39 rencontres consécutives, le RB Salzbourg a, plusieurs fois, fait la différence en peu de temps dans son antre, dans un temps (très) fort d’environ dix minutes. Les Autrichiens ont aussi été capables de le faire contre le cours du jeu à l’extérieur. Contre Dortmund à l’aller, Salzbourg est largement dominé. Logique au Westfalenstadion (Signal Iduna Park pour le marketing). Mais au retour des vestiaires, Salzbourg obtient un penalty, transformé par Berisha (48e), et ce dernier double la mise à la 55e. Entre la 45e et la 55e minute, le Borussia a eu le ballon 71 % du temps, mais chaque équipe a tiré trois fois.
Au tour suivant, alors que tout le monde voyait la Lazio passer après son succès 4-2 à Rome, on assiste à une première période calme, à l’image de celle d’hier soir contre Marseille. En seconde mi-temps, la Lazio semble valider sa qualification avec l’ouverture du score d’Immobile (54e), mais Dabbur remet les deux équipes à égalité dans la foulée (55e). Puis arrivent les dix minutes de folie : Haidara donne l’avantage au RB (71e), Hwang fait le break (73e) et Lainer donne la qualification aux siens sur corner (75e). Quatre tirs, trois buts, 60 % de possession, 91 % de passes réussies. Dix minutes qui font tomber Rome.
Hier soir encore, Salzbourg a endormi tout le monde avec une première période sans trop d’éclat, en dehors d’une percée plein axe conclut par un tir de Dabbur, arrêté en deux temps par Pelé (12e). Puis les dix minutes, plutôt le quart d’heure cette fois, arrive. Haidara, toujours lui, passe la défense marseillaise en revue et conclut de l’extérieur du pied droit (52e). Plus tard, c’est Bouna Sarr qui est poussé à la faute en déviant un tir non cadré de Schlager et marque contre son camp (64e). Dans ce laps de temps, Salzboug mène cinq tirs à zéro et a 57 % de possession. Entre les deux buts, le défenseur brésilien Ramalho met Pelé à contribution sur un pétard de 35 mètres (57e). Munas Dabbur est, lui, impliqué dans deux situations : une tentative hors de la surface qui file à côté (58e), puis une « Madjer » manquée sur un centre de Schlager (60e).
Les avant-centres peu en vue
Le buteur israélien, natif de Nazareth, n’aura rien eu d’un messie sur cette double confrontation. Hier soir, il termine la rencontre avec un seul tir cadré en quatre tentatives, plus sa « Madjer » présomptueuse ratée, alors qu’il aurait sûrement pu finir autrement. Il perd dix ballons, le plus mauvais total des 28 joueurs dans ce secteur. Auteur de cinq buts en Europa League et de 19 en Bundesliga autrichienne cette saison, Dabbur n’aura cadré qu’un tir sur cinq tentatives sur les deux matchs contre Marseille, et perdu 17 ballons sur 96 touchés (17,7 %). Son compère d’attaque, Gulbrandsen ne s’en sort pas mieux : aucun tir, le plus faible total de ballons touchés parmi les titulaires (19) et sept perdus.
Côté marseillais non plus, le bilan des attaquants n’est pas reluisant. Valère Germain, aligné à la place de Kostas Mitroglou, n’a cadré aucune de ses deux frappes : une tête contrée (45e) et surtout sa reprise sur un centre de Payet à la conclusion d’un contre (48e). Une action qui aurait pu sceller la rencontre. Il est l’Olympien titulaire qui a touché le moins de ballons (29) et il en a perdu cinq. Néanmoins, il faut admettre que sa position isolée en pointe, qui plus est dans un match où l’OM n’avait pas le jeu à son compte, explique de telles statistiques. Il n’empêche, il aurait pu être décisif, et il a échoué au moment clé. Clinton N’Jie, suppléant de Germain (83e), n’a pas eu la même efficacité qu’à l’aller. Lui qui avait doublé la mise au Vélodrome, trois minutes après son entrée en jeu (63e), n’a pas été très inspiré hier soir. À l’image de sa frappe bourrée au Red Bull (celui qui donne des ailes) à la 89e. Mais là aussi, le scénario du match ne le favorise pas, et sa vitesse aura néanmoins aidé sur des longs ballons ou pour presser la défense adverse.
Comme pour la finale de la Ligue des Champions, je m’essayerai à une présentation des forces en présence avant la finale, à l’image de ce que je fais pour le replay game d’anciens matchs de Coupe du monde.