Analyse à froid #13. D’abord équilibrée, la finale de la Ligue des Champions 2018 a basculé à l’avantage du Real au cours de la seconde période. Le Real a encore profité des largesses de son adversaire, cette fois du gardien. Zidane devient ainsi le premier coach a gagner trois LDC de rang.
Selon moi, l’opposition entre le Real Madrid et Liverpool s’annonçait serrée et légèrement à l’avantage des Merengues. Une prévision qui s’est plutôt vérifiée. Le match ne s’est décanté qu’en seconde mi-temps. Liverpool s’est accroché, mais Madrid a fini par prendre le dessus (3-1). Comme souvent lors des tours précédents, l’adversaire s’est tiré une balle dans le pied. Cette fois, c’est le gardien Loris Karius, qui a offert l’ouverture du score à Karim Benzema (50e), avant de droper la frappe de Gareth Bale pour le coup de grâce (83e). Entre-temps, le même Bale s’offre un but en partance direct pour le panthéon des buts d’exception en finale, avec un retourné acrobatique (63e).
La plupart des joueurs ont réussi leur match (pas Karius), ce qui a donné une finale disputée et agréable. Coup de projecteur sur quelques éléments à relever.
La vie sans Salah
Il était le leader de la terrible ligne d’attaque des Reds. Il devait porter l’Égypte à la Coupe du monde en juin. Mais Mohamed Salah est tombé sur Sergio Ramos et sur sa propre épaule, signant sa très probable fin de sa saison. Un coup dur, forcément, lorsqu’un joueur auteur de 42 buts cette saison, dont dix en Ligue des Champions, est contraint de sortir prématurément. Surtout à Liverpool, où le banc manque cruellement de profondeur. Pour mesurer l’impact de son absence, y compris sur la mentalité de son équipe et/ou de l’adversaire après sa sortie, on peut comparer les statistiques.
Dans les trente premières minutes, Liverpool met de la pression sur le Real. Varane doit s’employer pour empêcher Mané de filer seul au but (6e), van Dijk malmène Navas dans le domaine aérien sur corner (18e), et le portier costaricien doit intervenir sur une frappe d’Alexander-Arnold, à la récupération d’une tentative contrée de Firmino (22e). Si le Real possède plus le ballon (57 %), Liverpool tente neuf frappes contre deux pour Madrid, obtenant deux corners. Mais après la sortie de Salah… les Merengues monopolisent littéralement la balle jusqu’à la mi-temps (82 %). C’est eux seuls qui frappent dans ce quart d’heure (cinq tirs à zéro). Benzema se voit refuser un but, après une parade d’un Karius encore solide à ce moment-là, sur une tête de Cristiano Ronaldo (42e).
La sortie de Mo Salah a forcément pesé au vu de sa saison exceptionnelle. Avec 25,14 expected goals en Premier League pour 32 buts réels, l’Égyptien a montré sa capacité à marquer bon nombre de buts dans des situations compliquées. Il a converti 22,5 % de ses tirs en but, soit plus que ses partenaires Firmino et Mané (19,8 % tous les deux), Cristiano Ronaldo (15,8 %) et Karim Benzema (12,3 %). Si son absence pour le Mondial se précise, il manquera beaucoup.
Les frenchies au top
Si Karim Benzema n’aura pas bouclé la meilleure saison de sa carrière au point de vue statistiques, il l’a terminé sur une très bonne note. Disponible (49 ballons) et propre (un seul perdu), Benzema a été le Madrilène le plus entreprenant (quatre tirs). Profitant de l’offrande de Karius pour ajouter son nom à la short-list des buteurs français en finale de Ligue des Champions, il a parfaitement joué en remise avec ses partenaires (90 % de passes réussies) et fait quelques différences (66,6 % de duels gagnés). Ses statistiques sont bien supérieurs à celles de Cristiano Ronaldo, un des rares joueurs à être passé à côté de son match. Le Portugais n’a cadré qu’un de ses trois tirs, en étant hors-jeu (42e). CR7 a perdu cinq ballons, le plus haut total du match, n’a réussi aucun dribble et perdu la majorité de ses duels (66,6 %).
En défense, Raphaël Varane a été impérial. Les attaquants liverpouldiens ont été souvent en échec contre lui (80 % de duels gagnés). L’ex-Lensois a dégagé son camp à six reprises, dont quatre fois dans sa surface, et effectué quatre interceptions. L’une d’elle est cruciale, lorsqu’il empêche Sadio Mané d’obtenir un face-à-face avec Navas (6e). Les performances des deux Français sont de bonne augure, l’un pour la Coupe du monde et l’autre pour les tournois amicaux de l’été…
Bale, ce supersub
Pas épargné par les blessures et les méformes cette saison, Gareth Bale a parfaitement réalisé son entrée en jeu. En trente minutes sur le terrain, il a inscrit un doublé. De quoi prouver son efficacité lorsqu’il entre en cours de match. Gareth Bale remplaçant, c’est trois buts en dix entrées en jeu, au rythme d’un but toutes les 78 minutes en moyenne. Dans ce rôle, il a converti 20 % de ses tirs en but.
Il est bien meilleur que deux autres joueurs régulièrement sur le banc du Real comme Isco (un but toutes les 182 minutes, 14,3 % de tirs convertis) ou Asensio (un but toutes les 474 minutes, 7 % de tirs convertis). Bale garde presque la même efficacité en remplaçant qu’en titulaire, puisqu’il est à 21,9 % quand il débute (il monte même à 32,5 % sur ses seules frappes du gauche, tandis qu’il est aussi à 20 % du gauche comme remplaçant). Avoir l’un des dix meilleurs joueurs du monde à son poste sur son banc, ça aide quand même !
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Flickr, Daniel, UEFA Champions League Trophy, Licence CC 2.0