La finale de la Ligue des Champions donne ra une opposition pas forcément attendue entre un Real Madrid habitué et un Liverpool de retour au premier plan. Les Reds ont-ils des arguments face à des Merengues rompus aux joutes européennes ?
Comme je le rappelle à chaque replay game, le football n’est pas qu’une histoire de statistiques. Il n’est pas qu’une question de logique non plus, puisque la meilleure équipe ne gagne pas toujours. Sinon, la Hongrie et les Pays-Bas auraient une étoile (au moins) sur leur maillot, et le palmarès international du Portugal serait encore vierge (#troll).
En quête d’un troisième sacre consécutif en Ligue des Champions, le Real Madrid fait figure de favori logique. Si son parcours n’a pas été un long fleuve tranquille, la Casa Blanca faisait partie des équipes attendues pour cette finale. En revanche, Liverpool a déjoué les pronostics, pour revenir au haut niveau européen, onze après sa dernière finale de LDC (Liverpool a cependant été en finale de Ligue Europa en 2016). Une finale qui promet des buts, au vu des capacités offensives et/ou faiblesses défensives des deux équipes.
Parcours avant le match
Comme je l’ai dit, le parcours européen du Real cette saison n’aura pas été exempt de frayeur. Si le premier tour (Tottenham, Dortmund, APOEL Nicosie) s’est bien passé, malgré une défaite et la deuxième place au profit de Tottenham, la phase à élimination directe fut un peu plus compliquée. En vérité, les doubles confrontations contre le PSG en huitièmes et le Bayern Munich en demi-finale ont été facilitées par les failles de leurs adversaires. Par contre, les Merengues sont passés près de la correctionnelle face à la Juventus, en se faisant reprendre à 3-3 après sa victoire 3-0 à l’aller. Si le penalty qui qualifie finalement le Real n’est pas contestable, il faut admettre que Madrid n’a que ponctuellement fait preuve d’une franche domination.
Au contraire de Liverpool. Si le groupe des Anglais fut plus accessible (Séville, Spartak Moscou, Maribor), ils l’ont très bien maîtrisé avec aucune défaite et deux grosses fessées (7-0 contre Maribor et Moscou). Liverpool a gardé cette capacité à frapper fort au match aller tout au long de la phase à élimination directe (5-0 à Porto, 3-0 contre Manchester City, 5-2 contre Rome). Liverpool n’a concédé qu’une seule défaite, lors de la demi-finale retour contre la Roma (4-2). Les Scousers ont donc une force de frappe supérieure à celle du Real, avec 46 buts inscris, soit 3,3 par match. Loin des 30 buts marqués par Madrid, qui représentent tout de même 2,5 buts par rencontre.
Usure physique
Sur les 18 probables, Liverpool compte beaucoup moins de minutes jouées (42 573) que le Real Madrid (51 223). Cela s’explique par le fait que l’effectif a assez peu tourné, puisque la plupart cumule moins de 1 000 minutes (onze matchs environ), tandis qu’aucun Madrilène n’a joué moins de 1 500 minutes cette saison (seize matchs). Sur ce qui devrait être le onze de départ, l’écart entre les deux formations n’est que de 813 minutes en faveur de Liverpool, soit 74 minutes par joueur en moyenne.
Les Reds ont donc un tout petit peu moins joué cette saison. Par contre, ils sont clairement plus jeunes. Les deux onze devraient marquer un écart d’un an et demi : les joueurs de Madrid ont en moyenne 28,5 ans, contre 27 ans pour Liverpool. Les attaquants liverpouldiens sont en pleine jeunesse (26 ans) et vont croiser le fer avec une défense plus vieillissante (28,3 ans). Certes, la préparation physique du Real Madrid est au top. Mais Liverpool est peut-être, un peu, plus frais.
Matchs de coupes d’Europe
Niveau expérience européenne, il n’y a pas vraiment match. Parce que Liverpool a été absent de la scène européenne la saison dernière et que l’effectif a beaucoup changé depuis la dernière campagne jusqu’en finale de Ligue Europa en 2016 : exit Suarez, Sturridge, Gerrard, Coutinho, Lucas Leiva, Škrtel et Benteke. Certains joueurs titulaires à l’époque ont changé de statut depuis (Clyne, Moreno, Lallana) et Emre Can est blessé. Du coup, les 18 de Liverpool compteront probablement moins de matchs de coupes d’Europe que Marseille (537 à 586, 464 à 478 comme titulaires).
Avec trois victoires en Ligue des Champions depuis 2014, les Madrilènes culminent à 1 087 matchs européens, dont 932 comme titulaires. Il s’agit en grande majorité de matchs en LDC, puisqu’une cinquantaine de rencontres seulement ont été jouées en Ligue Europa. Côté Liverpool, la répartition est équitable, avec 269 matchs de Ligue des Champions et 268 de Ligue Europa. Trois joueurs du Real sont à plus de cent matchs en coupes d’Europe (Sergio Ramos, Cristiano Ronaldo et Karim Benzema), tandis que le Red le plus expérimenté culmine à 67 matchs (Lovren).
Palmarès joueurs
Ici, encore, il n’y a pas de suspense. Madrid a cumulé des titres sur la scène européenne et mondiale (la plupart des joueurs ont gagné au moins une LDC, plus les Supercoupes d’Europe et la Coupe du monde des clubs), mais aussi nationale (112 titres).
Les Scousers sont toujours en quête de titre en Premier League depuis 1992, et le dernier trophée remonte à 2012 (League Cup). En plus du faible nombre de trophées nationaux cumulés (25), il s’agit de championnats ou de coupes de second plan, glanés en Écosse (van Dijk), en Estonie (Klavan), aux Pays-Bas (Wijnaldum), en Suisse (Salah), en Autriche (Mané) ou encore en Croatie (Lovren). Les deux seuls titres continentaux sont la Ligue Europa, gagnée par Alberto Moreno avec Séville en 2014, et la Coupe Intertoto de James Milner avec Newcastle en 2006. Un peu faible comme bilan.
Palmarès entraîneurs
Tout va donc se jouer sur les deux coachs ! Jürgen Klopp est l’un des meilleurs coachs européens. Après avoir fait ses classes à Mayence durant sept saisons, il est l’artisan du retour du Borussia Dortmund au premier plan en Allemagne (deux championnats, une coupe et deux Supercoupes) et en Europe (finaliste de la Ligue des Champions en 2013). Le petit bémol est peut-être à mettre ici : Jürgen Klopp a perdu beaucoup plus de finales (sept) qu’il n’en a remporté (trois). Avec Liverpool, il a déjà perdu deux finales en 2016, en League Cup et Ligue Europa.
Zinédine Zidane a d’abord été un grand joueur de football. Klopp a effectué l’essentiel de sa carrière en deuxième division à Mayence, devenant le recordman de matchs disputés à ce niveau et le deuxième meilleur buteur du championnat, belle performance pour un milieu. Mais Zidane, c’est six titres nationaux ( dont la Série A et la Liga), sept titres continentaux et internationaux (Ligue des Champions, Coupe intercontinentale), la Coupe du monde et l’Euro avec la France. Depuis sa prise de fonction avec le Real, Zidane a déjà glané la Liga, deux LDC consécutives et deux Coupes du monde des clubs. Il n’a encore jamais connu la défaite en finale. En outre, il a déjà montré son talent tactique (contre Paris, par exemple).
Si la finale de Ligue Europa entre Marseille et l’Atlético de Madrid s’annonçait plutôt un match fermé, l’opposition entre le Real Madrid et Liverpool promet des buts. Le score de 3-2 est envisageable. En tout cas, l’écart entre les deux formations n’est pas si important que ça.
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Crédits photos :
Wikipedia Commons, Hadi Abyar, Zinedine Zidane, Real Madrid manager in press conference before match against Al-Jazira in FIFA Club World Cup, Licence CC 4.0
Wikipedia Commons, Дмитрий Голубович, Русский: «Спартак» – «Ливерпуль», Licence CC 3.0