A l’approche de son huitième de finale face à Manchester United, le Paris Saint-Germain n’est plus aussi confiant qu’au moment du tirage. Et pas seulement en raison des absences, mais parce que les Red Devils ont de nouveau de quoi faire peur.
Le 17 décembre 2018, joueurs, dirigeants et supporters pouvaient avoir le sourire. Certes, le PSG ne venait pas de tirer l’Ajax Amsterdam, Schalke 04 ou même l’AS Rome, identifiés comme des adversaires largement à leur portée, pour leur huitième de finale de Ligue des Champions. Mais le club de la capitale échappait à Tottenham et surtout à l’Atlético de Madrid. Il héritait d’un Manchester United malade, tout juste terrasser par Liverpool (3-1), loin de son lustre époque Sir Alex Ferguson.
Mais entre le tirage des huitièmes de finale et le match, deux mois s’écoulent. Laps de temps dans lequel le PSG a perdu Neymar, Cavani (et les placardisés Rabiot et Meunier). Du côté de Manchester, la déroute face au rival était le dernier calvaire de José Mourinho à la tête de l’équipe. Place à Ole Gunnar Solskjear, réminiscence du glorieux passé des Red Devils. Et avec lui, United est redevenu un adversaire apeurant.
Une équipe plus sûre de sa force
Le bilan de l’entraîneur norvégien après neuf matchs de Premier League 1 est tout bonnement brillant : huit victoires, un nul et aucune défaite. Les esprits chagrins (ou optimistes) arguent que ce bilan ne concerne que des équipes de deuxième partie de tableau, voire reléguables.
C’est oublier que Mourinho n’a pas joué chaque semaine contre les membres du Big Four, et qu’il lui arrivait de ne pas gagner contre Southampton et Cristal Palace, et de perdre contre West Ham ou Brighton. C’est aussi omettre la victoire contre Tottenham (1-0), là où le United du Special One se vautrait à l’aller (0-3), contre City (1-3) et Liverpool (1-3) et ne faisait pas mieux que match nul (2-2) contre Chelsea et Arsenal.
Sous la houlette de Solskjear, Manchester United va de l’avant et colle des valises à ceux qui les méritent. C’est comme cela qu’ils affichent 23 buts inscris sur les neuf dernières rencontres de PL, six de moins que sous l’ère Mourinho cette saison, en l’espace de deux fois plus de matchs (20). Surtout, l’ex-joker offensif a insufflé plus de maîtrise à son groupe, qui n’encaisse plus que 0,7 but par match, contre 1,7 sous Mourinho.
Manchester United se crée davantage d’occasions, comme en témoigne le nombre de tirs par match (16,2 contre 12,5) et d’expected goals par match (2,3 contre 1,7). C’est aussi une équipe plus pragmatique. Contre Tottenham, United n’a pas cherché à prendre le jeu à son compte, ce qu’elle n’hésite pas à faire face aux adversaires de moindre calibre. Opposés à une équipe habituée à la possession du ballon, les Diables Rouges ont agi en contre : c’est sur un long ballon dans le dos de la défense que Rashford a trompé Hugo Lloris. Au match aller, United avait voulu imposer sa domination, mais avait trop laissé jouer les vifs attaquants londoniens. Désormais, Manchester semble savoir s’adapter à son opposant.
Pogba is back !
Il était devenu presque indésirable sous Mourinho, qui le laissait régulièrement sur le banc lors de ses derniers matchs, et le sortait en cours de jeu presque systématiquement auparavant. Paul Pogba est transfiguré depuis la prise de fonction de Solksjear. Celui qui l’avait côtoyé avec la réserve leur de son premier séjour dans le Nord de l’Angleterre a su lui redonner le sourire… en l’alignant sur le terrain, tout simplement.
La renaissance du milieu champion du monde s’exprime d’abord par son caractère beaucoup plus décisif. Avec 8 buts et 5 passes décisives en neuf matchs de championnat, Pogba est le joueur le plus décisif d’Europe. Bien loin de ses 5 buts et 4 passes avec Mourinho, dont un doublé contre Berne en Ligue des Champions et deux penalties.
Pogba a également retrouvé un impact sur le jeu, avec plus de ballons touchés (89 contre 77 par match en moyenne), notamment dû au fait qu’il dispute les matchs dans leur intégralité désormais. La Pioche récupère aussi plus de ballons (7 par rencontre contre 5,7), joue un peu plus de duels et en gagne plus (6,9 contre 6,3 par match). Il perd plus de ballons également (16,2 contre 12,5), sans doute une conséquence d’un jeu plus porté vers l’offensif, de passes vers l’avant plus risquées.
Un match ouvert
Il est indéniable que Manchester United est un adversaire plus dangereux pour le PSG aujourd’hui qu’il ne l’était en décembre. Le PSG devra bricoler en attaque, n’a pas de garantie au milieu de terrain, là où Paul Pogba joue à son meilleur niveau depuis plus d’un mois. United est beaucoup plus pragmatique, sachant aussi bien étouffer ses adversaires, que faire le dos rond et piquer en contre avec ses flèches (Rashford, Martial, Lingard).
Reste que Solksjear n’a pas passé le révélateur de la Ligue des Champions, une compétition où le bilan de Mourinho était un peu plus reluisant qu’en championnat : trois victoires, un nul, deux défaites, sept buts marqués pour quatre encaissés. Néanmoins, il avait éprouvé les mêmes difficultés contre la Juventus Turin, seul gros poisson du groupe, et la victoire au retour tenait du hold-up.
Le PSG, sans Neymar ni Cavani mais avec Mbappé, peut se jouer d’une défense mancunienne pas impériale, même si elle a su résister aux assauts de Tottenham grâce notamment à son gardien, De Gea. Au vu de ce que Lyon a fait contre le PSG il y a une semaine en Ligue 1, il est probable que Solskjear encourage ses joueurs à aller bousculer les Parisiens, peu habitués à l’être dans leur championnat domestique.
A eux d’être capable de tenir bon et d’obtenir le résultat le plus favorable possible en vue du retour au Parc des Princes, pour (enfin) rêver plus grand en Ligue des Champions.
Notes
(1) Les matchs de coupes sont laissés de côté, car les équipes peuvent être de division inférieure et les coachs peuvent faire tourner leur effectif.
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Crédits photos :
Wikipedia Commons, Светлана Бекетова, Manchester United footballer Paul Pogba in 2017 UEFA Europa league match in Rostov, Licence CC 3.0
Wikipedia Commons, Дмитрий Голубович, Conférence de presse et formation « Manchester United », Licence CC 3.0
Wikipedia Commons, Tor Atle Kleven, Taken after the football match between Tiller and Molde (which Solskjær coaches), Licence CC 2.0
Wikipedia Commons, Станислав Ведмидь, Paul Pogba celebrating a goal with his Manchester United team-mates during Europa League clash against Zorya Lugansk on 8 December 2016, Licence CC 3.0