Analyse à froid #7. C’était presque une finale pour le Championnat d’Italie. Naples se rendait sur la pelouse de la Juventus Turin pour tenter de revenir à un point du leader. Mission accomplie. Reste quatre journées pour reprendre la tête…
Si Naples ne remporte pas son premier Scudetto depuis 1990 cette saison, les Napolitains auront de quoi désespérer. En ayant mis les autres compétitions de côté pour se consacrer au championnat, le Napoli a occupé la tête au début de 22 journées (de la 5e à la 15e, puis de la 18e à la 28e), tandis que la Juventus n’a été leader que durant 9 journées, pour le moment (lors de la 3e et la 4e, et depuis la 29e).
La confrontation retour entre les deux équipes pouvait permettre à Naples de recoller à un seul point, ou bien à la Juventus de creuser un écart décisif de sept longueurs. Un nul aurait préservé le statu quo, avec un gap de quatre points. Autant dire que la Juve avait la ferme intention de ne surtout pas perdre. Autant dire, après coup, que c’est raté. La Série A est désormais le dernier des cinq grands championnats européens dont le titre n’est pas encore joué.
Allegri densifie son milieu, Naples étouffe sa défense
La Juventus été annoncée dans un 4-2-3-1 au coup d’envoi, Blaise Matuidi occupant le flanc gauche du milieu. Un choix un peu étrange, car le côté préférentiel des Napolitains est à LEUR gauche, qu’ils utilisent dans 46 % des cas. Néanmoins, le milieu turinois a plus souvent été configuré en 4-3-2-1, avec Matuidi, Khedira et Pjanic sur la même ligne, derrière Douglas Costa, Dybala et Higuaín.
Naples, évoluant dans son habituel 4-3-3, a mis la pression dès le début du match. Le pressing constant de la ligne d’attaque (Callejon, Insigne, Mertens puis Milik) a gêné la Juventus dans la relance. Résultat : sur les 447 passes effectuées par les Turinois, seules 80 ont ciblées les 30 derniers mètres adverses, et la Vieille Dame a multiplié les dégagements et les longs ballons (31 dans ses 30 mètres, dont 23 par Buffon). Naples a globalement tenu le ballon (60%), se créant beaucoup plus de situations que la Juve.
Un match fermé comme une finale
Au-delà des quatre tirs pour Turin et douze pour Naples, il faut voir que le match n’a pas été riche en grosse occasion. Pour le prouver, on peut s’intéresser aux expected goals. Pour comprendre un peu plus en détails de quoi il s’agit, les Cahiers du football s’en sont déjà chargés. Pour faire simple, c’est un calcul qui détermine les chances pour qu’un tir finisse en but. La somme des tentatives permet d’estimer combien de buts chaque équipe aurait pu (ou dû) marquer.

Dans cette rencontre, la Juventus n’obtient que 0,21 xG (selon les données d’understat.com). Les quelques tirs des Bianconeri n’ont eu qu’entre 3 et 6 % des chances de terminer au fond. Naples n’a pas non plus eu énormément d’opportunités. Avant le but de Kalidou Koulibaly, la meilleure occasion fut celle d’Hamšík. Sa frappe légèrement trop croisée (23e) avait 32 % de chances d’être l’ouverture du score. Les autres tirs n’avaient qu’entre 1 et 9 % de chances de finir au fond des filets. Quant à la tête victorieuse de Koulibaly (89e), la réussite prédictive était également de 32 %.
Koulibaly, maître des airs
Pas énormément mis à contribution par une Juve soucieuse de ne pas prendre de but, le défenseur franco-sénégalais a libéré les siens à la dernière minute du temps réglementaire. Koulibaly a marqué son cinquième but cette saison, le meilleur total de sa carrière, son troisième de la tête.
Comme souvent pour les défenseurs centraux, le jeu de tête est un atout. Mais Koulibaly est particulièrement efficace dans ce domaine. Alors que seuls 10,7 % des tirs de la tête ont donné des buts en Série A sur les trois dernières saisons, Koulibaly a transformé 16,6 % de ses tentatives dans sa carrière. S’il n’était peut-être pas le buteur le plus attendu au coup d’envoi, la menace aérienne que représente Koulibaly a encore frappé.
Naples pas encore au bout de sa quête
La Juventus va devoir puiser dans ses ressources pour conserver son point d’avance en tête du championnat. Dès la semaine prochaine, la Vieille Dame ira défier l’Inter Milan, puis la Roma lors de l’avant-dernière journée. Deux équipes luttant pour décrocher les places qualificatives pour la Ligue des Champions. Il y aura aussi la finale de la Coupe d’Italie à disputer le 9 mai contre l’AC Milan. Les deux autres matchs seront la réception de Bologne, qui ne joue plus rien dans le ventre mou du classement, et de l’Hellas Vérone lors de la dernière journée. Une équipe qui sera soit déjà reléguée, soit jouera sa dernière chance de maintien.
Le calendrier napolitain est plus aisé. Ne jouant plus que le championnat, Naples se déplacera à Florence et à Gênes pour affronter la Sampdoria, qui peuvent encore espérer accrocher le wagon de l’Europa League, à quatre points devant eux. Comme la Juve, les Napolitains auront un match à domicile contre une équipe qui ne joue plus rien, le Torino. En revanche, le dernier match de la saison sera la réception de Crotone, qui a tenu la Juventus en échec lors de la précédente journée, et dont le maintien ne sera peut-être pas encore assuré. La course au titre est en tout cas pleinement relancée et promet d’être palpitante jusqu’au bout.