Analyse à froid #8. Écrasé à vingt minutes de la fin par des Reds intraitables, l’AS Rome est parvenu à rester en vie en vue du match retour. Un scénario proche de celui des quarts de finale contre Barcelone. Mais les Romains ont bien failli terminer le match sans espoir de retour.
Liverpool et l’AS Rome sont les deux invités surprises de ces demi-finales de la Ligue des Champions. L’un a, certes, montré de très bonnes choses en phase de groupes (deux victoires 7-0 contre Maribor et le Spartak Moscou) et en huitièmes de finale (5-0 contre Porto à l’aller). Mais Liverpool n’était pas favori face au Manchester City de Guardiola, décidé a enfin passer un cap en LDC. Pourtant, les Reds se sont brillamment qualifiés, en reportant l’aller (3-0) et le retour (2-1).
Quant à la Roma, première de son groupe devant Chelsea et l’Atletico Madrid, son parcours a pris une tournure singulière grâce à sa risalita (remontée) ou son ritorno (retour, merci Reverso !) contre le FC Barcelone au tour précédent. Défaits 4-1 au Camp Nou, les Romains se sont imposés 3-0 au retour. Et les voilà maintenant dans une situation qui paraît tout aussi délicate, avec ce revers 5-2 à l’extérieur. Cela aurait pu être plus grave, tant Liverpool a semblé intouchable entre la 28e et la 75e minute.
Un match en trois actes
Ce match a d’abord été très équilibré. Du coup d’envoi à la 27e minute de jeu, les deux formations se partagent littéralement le ballon (50-50) et ont autant d’opportunités. Des tirs sans grand danger pour les gardiens (Strootman à la 2e, Salah à la 3e et Oxlade-Chamberlain à la 7e) et deux situations chaudes : le tir trop croisé de Firmino (5e) et le missile de Kolarov dévié par Karius sur sa barre (18e).
Puis, le match change ! Peu avant la demi-heure, Mané se crée une grosse occasion en prenant de vitesse la défense italienne mais se loupe devant Allison et frappe au-dessus. Le point de départ d’un domination énorme des Reds. Jusqu’à la 75e minute, et la sortie de Salah, Liverpool va prendre la possession à son compte (54 %) et multiplier les situations de buts. Mané rate une nouvelle frappe au point de penalty (29e), puis Salah s’essaye du gauche une première fois, forçant Allison à une parade (30e). Après un but de Mané refusé pour hors-jeu, Mo Salah nettoie la lucarne (34e), avant de doubler la mise sur un ballon piqué avant la mi-temps (45e). Entre-temps, Lovren touche la barre de la tête sur corner (37e). Au retour des vestiaires, Liverpool ne baisse pas de rythme et ajoute trois buts, par Mané (56e) et Firmino par deux fois (61e, 69e).
Menée 5-0, la Roma va refaire surface dans le dernier quart d’heure. Liverpool cesse de garder le ballon (67 % de possession pour Rome) et la Roma s’approche de nouveau du but adverse (huit tirs). En passant à quatre en défense (à la 66e minute avec les entrées de Gonalons et Perotti), l’AS Rome laisse moins d’espace aux attaquants liverpouldiens. Dans ce temps fort, elle inscrit deux buts, par Džeko, trouvé dans le dos de Lovren par Nainggolan (81e), et par un penalty de Perotti, consécutif à une main de Milner (84e).
Le trio terrible de Liverpool a encore frappé
Mohamed Salah, Roberto Firmino et Sadio Mané. Ces trois-là sont à la base du succès de Liverpool cette saison. Contre la Roma, leur vitesse a mis au supplice la défense italienne. D’autant que celle-ci, alignée en 3-4-3, a souvent dû défendre en un-contre-un. Mauvaise idée. Les trois attaquants se sont régalées, avec treize tirs tentés (huit cadrés). Salah et Firmino terminent tous les deux avec deux buts et deux passes décisives, même si celle de Firmino pour Salah sur le premier but est peut-être surcotée : elle ne met pas l’Égyptien en position particulièrement favorable, et c’était à lui de trouver la lucarne en étant légèrement excentré et face à son défenseur.

Pas un si grand problème pour un joueur habitué a marquer des buts difficiles. Depuis quatre saisons, Salah a inscris 51 buts de son pied gauche, alors que son total d’expected goals est de 37. Cela signifie qu’il marque un bon nombre de buts ayant peu de chances d’être marqués. Sadio Mané a été un peu moins en vue. Il manque de réussite sur ses deux premières occasions (28e, 29e) et il est hors-jeu un peu plus tard (33e). Salah lui offre quand même son but en seconde période (56e).
En revanche, Georginio Wijnaldum, entré en jeu suite à la blessure d’Oxlade-Chamberlain (17e), a réalisé un très bon match. Lors du dernier quart d’heure, il réalise trois interceptions (72e, 76e, 91e). Il aurait même pu marquer avec un peu plus de maîtrise sur le centre de Robertson à la 82e minute.
Džeko, le facteur X
Quand une équipe est autant dominée, son avant-centre passe très souvent un mauvais moment. Edin Džeko n’a pas totalement échappé à la règle. Le Bosnien a perdu beaucoup de ballons (sept, le plus haut total de son équipe), malgré de bonnes dispositions techniques aperçues en début de match sur ses contrôles notamment, et il n’a pas été en réussite dans son jeu de passe (59 % de passes réussies). Cependant, comme il l’avait fait contre Barcelone en quarts de finale, c’est lui qui redonne espoir à la Roma, sur l’une des rares occasions qu’il a eu (81e), Dans la surface de réparation, son taux de réussite en carrière (12,6 % de ses tirs en but) est très proche de celui observé en Série A sur les trois dernières saisons (12,7 %). Si l’AS Rome réalise l’exploit au retour, il y a fort à parier que Džeko sera dans le coup.

Ajoutons aussi le très bon match de Radja Nainggolan, un des rares Romains à avoir surnagé au milieu. Tandis que Strootman et surtout De Rossi se noyaient sous les vagues rouges, le Ninja est resté propre dans ses passes (88 % réussies), distribuant quatre passes clés (débouchant sur un tir). Il a remporté tous ses duels, y compris de la tête malgré son mètre 76. C’est lui qui délivre un très bon ballon par-dessus Lovren pour Džeko. Le milieu belge et l’avant-centre bosnien seront deux atouts majeurs dans la quête de la Roma au retour.