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Replay game France-RFA 1982 : un match cruel pour un résultat logique

World Cup Project #12. Premier drame du football français, le plus traumatisant à cause de l’intensité émotionnelle. La demi-finale de la Coupe du monde 1982 entre la France et la RFA fut une opposition de style, qui tourna à l’avantage des Allemands. Au vu de l’équilibre des forces avant le match, l’issue n’apparaît plus aussi injuste.

Oui le football n’est pas qu’une histoire de statistiques. Le football n’est pas qu’une question de logique non plus, puisque la meilleure équipe ne gagne pas toujours. Sinon, la Hongrie et les Pays-Bas auraient une étoile (au moins) sur leur maillot, et le palmarès international du Portugal serait encore vierge (#troll). L’objectif du replay game est de revenir sur des matchs marquants de l’histoire de la Coupe du monde, et de voir quelles étaient les forces en présence.

Après la finale de la Coupe du monde 1970 entre le Brésil et l’Italie, retour sur la demi-finale France-Allemagne de l’Ouest de 1982. Un match cruel pour les Bleus : menés très tôt, ils égalisent rapidement, sans parvenir à prendre l’avantage malgré . Entre-temps, le gardien Harald Schumacher détruit Patrick Battiston, sans que cela soit sanctionné ne serait-ce que par un coup franc. En prolongations, la France fait le break et mène 3-1, mais la RFA recolle à 3-3 dix minutes plus tard, et s’impose lors de la première séance de penalties en Coupe du monde (5-4).

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Parcours avant le match

En 1982, la Coupe du monde reprend la même formule que celle mise en place depuis 1974 : deux phases de groupes se succèdent, suivies par deux demi-finales, la finale et le match pour la troisième place. Ce schéma sera abandonné en 1986, où les huitièmes et les quarts de finale feront leur retour. Pour atteindre le dernier carré, il faut donc terminer dans les deux premiers de son groupe au premier tour, puis premier d’une groupe de trois au second.

La France et la RFA n’ont pas eu un parcours particulièrement brillant jusqu’en demi-finale : trois victoires, un nul et une défaite pour les deux équipes. Huit buts marqués et quatre encaissés pour la RFA, onze buts inscris et six encaissés pour la France. Les Bleus ont bénéficié d’un tirage favorable au second tour, avec un groupe composé de l’Autriche (battue 1-0) et de l’Irlande du Nord (4-1). Cependant, le parcours de l’Allemagne de l’Ouest comporte un point noir. Au premier tour, la Mannschaft se fait surprendre par l’Algérie d’entrée (1-2), pour ce qui reste un des grands exploits pour le football du continent africain. Pour se qualifier, les Allemands ont besoin de gagner absolument contre l’Autriche lors du dernier match du groupe. Mais, peu après avoir ouvert le score, la RFA cesse tout bonnement de jouer au football, imité par les Autrichiens. Pourquoi ? Parce qu’une victoire 1-0 qualifie l’Allemagne ET l’Autriche, éliminant de fait l’Algérie. Un match aussi honteux ne valorise pas un parcours en Coupe du monde. Vraiment pas.

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Âge moyen

Les deux effectifs ont une moyenne d’âge proche, les Bleus étant un peu plus âgés (26,5 ans) que les Allemands (26 ans). Cependant, sur les 13 joueurs à avoir disputé la rencontre de part et d’autre (deux remplacements en cours de jeu), l’avantage est à la RFA. Les Bleus restent à 26 ans et demi, tandis que l’âge moyen des Allemands sur le terrain est de 27 ans (27,3).

La différence se fait au niveau des gardiens (26 ans pour Ettori, 28 pour Schamacher) et des attaquants (Hrubesch et Fischer ont plus de 30 ans, Rummenigge en a 26, Rocheteau et Six en ont 27). La RFA compte quatre trentenaires : le deuxième gardien Franke (34), Breitner (30), Hrubesch (31) et Fischer (32). En face, on ne dénombre que le deuxième gardien Baratelli (34) et Trésor (32) comme trentenaires. L’Allemagne de l’Ouest affiche un peu plus d’expérience.

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Matchs en sélection

Cela se confirme un peu plus au nombre de sélections. Les Allemands comptent 497 sélections cumulées, soit 20 de plus que les Bleus. Sur les seuls participants au match, l’écart se creuse encore : 427 côté germanique, 362 côté français. Là encore, le poste de gardien traduit cette différence. Jean-Luc Ettori, promu gardien numéro un lors de la Coupe du monde 1982, ne compte que sept sélections, la plupart acquises durant la compétition. Sur le banc, Dominique Baratelli compte 21 capes. C’est encore inférieur aux 30 sélections d’Harald Schumacher, portier titulaire de la RFA depuis trois ans.

Les défenseurs français présents sur le terrain comptent plus de sélections que leurs homologues, en partie car six d’entre eux ont joué contre cinq allemands, Battiston et Lopez étant entrés en jeu au milieu de terrain pour pallier les blessures. De même, l’attaque allemande totalise plus de sélections grâce à l’entrée en jeu de Rummenigge et de ses 57 matchs internationaux. Mais globalement, la France manque un peu de répondant face à des tauliers comme Manfred Kalz (64 sélections), Rummenigge (57), Paul Breitner (46) ou Karl-Heinz Förster (40).

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Matchs en Coupe du monde

Au niveau de l’expérience en Coupe du monde, l’écart entre les deux équipes est bien faible. 84 matchs cumulés côté Allemagne de l’Ouest, 86 côté Bleus. Sur les 26 joueurs présents lors de la demi-finale, la RFA prend une courte tête. Mais là encore, c’est dû à l’entrée de Rummenigge et ses dix matchs de phase finale. Dans l’ensemble, aucun des deux groupes ne fait la différence sur ce point.

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Palmarès des joueurs

En 1982, le palmarès des joueurs français n’est pas encore très étoffé. Janvion, Lopez, Larios et Rocheteau ont obtenu le plus de titres, lors de leur période à l’AS Saint-Étienne dans les années 1970. En tout, les Bleus comptent 45 titres, dont 43 nationaux, et seulement 23 compétitions différentes (si on ne compte qu’une fois un championnat ou une coupe remporté par plusieurs joueurs). Avant 1984, ils n’ont pas gagné de titre avec la sélection. Aucun ne jouait en dehors du championnat de France, Platini rejoignant la Juventus Turin qu’après la compétition.

La RFA est tout le contraire, une machine à gagner. 68 titres, 11 trophées continentaux ou internationaux en clubs, dont trois Coupes d’Europe des clubs champions et deux Coupes de l’UEFA. Certains joueurs se sont exportés, comme Stielike et Breitner passés par le Real Madrid, où ils ont glané cinq championnats et trois coupes d’Espagne. Enfin, treize Allemands faisaient partie des Champions d’Europe de l’Euro 1980. Sur les participants, seuls trois n’étaient pas présents deux ans auparavant (Dremmler, Littbarski, Fischer). Paul Breitner, germanique le plus titré sur le terrain, est champion du monde 1974. Incomparable.

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Palmarès sélectionneurs

Michel Hidalgo, milieu offensif, est membre du Stade de Reims à la grande époque, entre 1954 et 1957. Il rejoint l’AS Monaco, où il joue jusqu’en 1966 au niveau professionnel. Il remporte sept trophées en tant que joueur, dont trois championnats de France (1955, 1961 et 1963), et décroche une sélection avec l’équipe de France en 1962. Hidalgo prend la tête des Bleus en 1975, et parvient à faire revenir la France en Coupe du monde en 1978, après douze ans d’absence. Il emmènera la brillante génération Platini au succès avec l’Euro 1984.

Mais en 1982, son bilan demeure moins bon que son homologue germanique, Jupp Derwall. L’ancien milieu offensif n’a pas connu le succès en tant que joueur : deux finales de Coupes d’Allemagne perdues avec Aix-la-Chapelle en 1953 et Düsseldorf en 1958, et deux sélections en 1954, insuffisantes pour intégrer le groupe des futurs bourreaux de la Hongrie. Devenu l’assistant d’Helmut Schön de 1970 à 1978, il prend part aux réussites de la RFA : troisième à la Coupe du monde 1970, victoire à l’Euro 1972 et au Mondial 1974 et finaliste de l’Euro 1976. Il prend la tête de la RFA après le Mondial argentin et entame alors une série de 23 matchs sans défaite, l’une des meilleures séries pour une sélection nationale. Au milieu de celle-ci, il guide l’Allemagne fédérale à la victoire lors de l’Euro 1980.

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Pourquoi cela n’a pas eu lieu ?

Si le match fut beaucoup plus serré, et que la France aurait même mérité d’atteindre sa première finale de Coupe du monde, c’est probablement parce que les Bleus avaient la volonté de pratiquer un football offensif. Sur la composition, on retrouve le fameux « carré magique » avec Jean Tigana, Bernard Genghini, Alain Giresse et Michel Platini. Trois milieux offensifs et un récupérateur, témoin de la volonté de prendre le jeu en compte, insufflé par Michel Hidlago depuis son arrivée.

Le manque d’expérience dans les grands matchs, face à l’adversité (la brutalité, même) imposée par les Allemands, et de Jean-Luc Ettori dans les buts ont probablement pesé lorsque la France devait tenir son avantage en prolongations. Mais, si la logique avait été respectée, au vu des forces en présence, l’Allemagne de l’Ouest aurait pu infliger une défaite sèche aux Bleus, comme ils le feront quatre ans plus tard au même stade de la compétition (2-0). C’eut été moins cruel. C’eut été moins marquant, aussi.

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