À quelques jours de la finale de la Ligue Europa entre l’Olympique de Marseille et l’Atlético de Madrid, Foot d’infographies a établi l’état des forces en présence, sur le modèle des replay games.
Comme je le rappelle à chaque replay game, le football n’est pas qu’une histoire de statistiques. Il n’est pas qu’une question de logique non plus, puisque la meilleure équipe ne gagne pas toujours. Sinon, la Hongrie et les Pays-Bas auraient une étoile (au moins) sur leur maillot, et le palmarès international du Portugal serait encore vierge (#troll).
L’objectif ici est d’avoir un aperçu des forces qui vont s’opposer mercredi soir à Lyon pour le gain de la Ligue Europa. J’ai défini cinq critères : le parcours en coupes d’Europe cette saison, l’usure physique, l’expérience en coupes d’Europe, le palmarès des joueurs et des deux entraîneurs. Voyons si, comme l’a déclaré le latéral gauche Filipe Luís, l’expérience sera le seul avantage de l’Atlético pour cette finale.
Parcours avant le match
L’épopée européenne de l’OM cette saison a l’allure d’un marathon. Démarrée fin juillet avec le tour préliminaire contre Ostende, suivi des barrages en août contre Domzale, l’aventure olympienne compte 18 matchs avant la finale. De son côté, l’Atlético de Madrid a joué la Ligue des Champions en début de saison. Mais, devancés par Chelsea et la Roma, les Colchoneros ont été reversé en Ligue Europa à l’issue du premier tour. Cependant, le bilan de leurs six matchs en LDC n’est pas catastrophique : une victoire, une défaite et quatre nuls (dont deux contre le modeste club azéri de Qarabag).
Depuis son entrée en Ligue Europa, l’Atlético s’est montré beaucoup plus fort. Ils ont obtenu six victoires pour un nul et une défaite. Un bilan en matchs à élimination directe supérieur à celui de Marseille, qui a concédé trois défaites (à l’aller contre Leipzig, au retour contre Braga et Salzbourg). Un bilan qui prend un peu plus de poids par rapport aux adversaires rencontrés. Si Marseille a échappé aux grosses confrontations, l’Atlético a dû sortir le Sporting Portugal, reversé de la Ligue des Champions (c’est aussi le cas du RB Leipzig), et surtout Arsenal en demi-finale. Enfin, si les attaques des deux équipes sont très proches en Coupes d’Europe (environ 1,6 buts par match pour les deux), l’Atlético défend mieux (0,6 buts/match) que l’OM (0,9 buts/match).
Usure physique
Engagé dans le tour préliminaire de la Ligue Europa, l’Olympique de Marseille a logiquement accumulé plus de temps de jeu que l’Atlético de Madrid. Sur les 18 joueurs les plus utilisés en Ligue Europa et qui devraient composer être présents sur la feuille de match mercredi, l’OM cumule 54 172 minutes, contre 47 674 pour les Colchoneros. Ce total représente une moyenne de 3 000 minutes par joueurs, soit 33 matchs complets dans les jambes. Côté madrilène, on est à 2 600 minutes par joueur en moyenne, soit 29 matchs joués. Six joueurs marseillais ont joués l’équivalent de 40 matchs cette saison, contre cinq pour l’Atlético.
Mais, en plus d’avoir joué plus cette saison, les Marseillais sont aussi plus âgés. Sur le onze de départ probable, l’âge moyen des Phocéens devraient être de 28,5 ans, contre 26,7ans. Même si Marseille a plus la possession du ballon que l’Atlético, ce qui tant à faire qu’une équipe court moins « dans le vide », le différentiel de minutes jouées et l’âge un peu plus avancé des Marseillais peut compter dans une rencontre de fin de saison.
Matchs de coupes d’Europe
Pour corroborer l’avis de Filipe Luís, le nombre de matchs de coupes d’Europe penche assez clairement en faveur de l’Atlético de Madrid. Les 18 cumulent 888 matchs en Ligue des Champions et Ligue Europa, 302 de plus que les 586 matchs européens des joueurs marseillais. Le seul poste où Marseille prend le dessus dans ce secteur est celui de gardien, où Steve Mandanda a beaucoup plus de vécu que Jan Oblak, et Yohann Pelé devance Axel Werner. Sur le onze de départ, la différence est moindre, puisque les Colchoneros ne devraient compter que 87 matchs européens de plus que les Phocéens.
Petite consolation, les joueurs marseillais ont joué 81 % de leurs matchs de coupes d’Europe en tant que titulaires, soit autant que les madrilènes. Cela montre que la plupart des joueurs ont été des cadres titulaires lorsqu’ils ont joué au niveau continental, et non des remplaçants.
Palmarès joueurs
Les joueurs des deux équipes ne sont pas très éloignés au niveau du palmarès au niveau national. Si on accumule ces titres (championnats, coupes, supercoupes, en dehors des championnats de deuxième division) le total de l’Atlético (42) est à peine supérieur à celui de l’OM (39). Cependant, Marseille est bien aidé par les quinze titres de Kostas Mitroglou, glanés en Grèce et au Portugal.
En revanche, au niveau continental, le match tourne court. Plusieurs joueurs Colchoneros ont déjà gagné la Ligue Europa, que ce soit avec l’Atlético en 2012 (Gabi, Filipe Luís, Diego Godín), Chelsea en 2013 (Fernando Torres) ou Séville de 2014 à 2016 (Vitolo, Gameiro). Certains ont joué la finale de la Ligue des Champions avec l’Atlético en 2014 et 2016, voire l’ont gagné (Torres avec Chelsea en 2012). Ajouté à cela les joueurs qui ont gagné avec leur sélection (Filipe Luís, Godín, Torres), ce que seul Luiz Gustavo a fait côté marseillais (Coupe des Confédérations en 2013).
Palmarès entraîneurs
Si la capacité de Rudi Garcia a poussé son groupe jusqu’en finale de la Ligue Europa en tirant le maximum des ressources mentales, on ne pourra pas dire que son homologue manque de force de motivation. Diego Simeone a d’abord été un joueur qui a côtoyé le succès à l’Atlético de Madrid, déjà, puis à l’Inter Milan et à la Lazio Rome notamment. Comme joueur, il a remporté cinq titres nationaux, la Coupe de l’UEFA avec l’Inter et la Supercoupe d’Europe avec la Lazio. En 106 matchs avec l’Albiceleste, il a gagné deux fois la Copa America et la Coupe des Confédérations. Rudi Garcia n’a pas eu la même carrière lors de ses passages à Lille, Caen et Martigues dans les années 1980.
Depuis qu’ils sont devenus coachs, leur destin n’a pas été le même non plus. Simeone a fait ses classes en Argentine avec deux titres obtenus avec Estudiantes et River Plate, puis a (re)fait de l’Atlético de Madrid une place forte du championnat d’Espagne (avec la Coupe en 2013 et le championnat en 2014), et du continent (la Ligue Europa en 2012). Rudi Garcia, lui, n’a plus gagné de titres depuis son doublé Coupe-championnat avec Lille en 2011.
Le score final ne devrait pas être aussi flatteur, car il est rare que les finales soient aussi prolifiques. Mais, au vu de ces éléments, ajoutés au fait que l’Atlético de Madrid sait tenir le score, contrairement à l’Olympique de Marseille qui a souvent été repris, et défend très bien. Il n’y a probablement pas que l’expérience qui jouera à l’avantage des Colchoneros. L’OM réussira-t-il a renversé ce qui semble être un ogre, comme le Milan AC de 1993 ? Réponse mercredi soir !
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Crédits photos :
Wikipedia Commons, cristina cifuentes, Diego Pablo Simeone en la presentación de la promoción de la estación Estadio Metropolitano, Licence CC 2.0
Flickr, Rosi Barreto, rudi-garcia, Licence CC 2.0
2 réflexions au sujet de “Marseille-Atlético : qui a l’avantage ?”