World Cup Project #21. Hôte de la 21e édition du Mondial, la Russie va être confrontée à la difficulté de bien figurer à domicile en n’étant pas une puissance du football international. Une compétition dans laquelle elle ne brille plus depuis plus de trente ans.
Subašić, Vrsaljko, Lovren, Nastasić, Kolarov, Matić, Modrić, Pjanić, Perišić, Tošić, Džeko. Si la sélection yougoslave existait encore de nos jours dans sa forme originelle, comme jusqu’en 1992, elle inquiéterait bon nombre d’équipes. À l’instar de cette nation éclatée, la Fédération de Russie doit composer avec un réservoir bien moins garni que par le passé. Si un onze issu des anciennes nations de l’Union soviétique ne ferait pas aussi peur en 2018, il aurait été tout aussi séduisant sur le papier dans les années 2000, principalement avec l’apport de l’Ukraine : Tymoschuk, Rotan et Shevchenko aurait pu côtoyer Archavine, Zyrianov et Pavlyoutchenko.
Vainqueur (1960) et triple finalistes (1964, 1972, 1988) de l’Euro, et demi-finaliste de la Coupe du monde 1966, l’Union soviétique a laissé une succession dans l’histoire du football difficile à assumer pour la Russie seule.
Un avant et un après très net
Le vécu de l’URSS en Coupe du monde n’est pas exceptionnel, et probablement pas en adéquation totale avec le potentiel de l’équipe, multiple gagnante ou finaliste de l’Euro (même si le format de la phase finale fut très léger jusqu’en 1980). D’abord, l’Union soviétique n’a connu la Coupe du monde qu’en 1958. Ensuite, les performances de la sélection ont décliné au cours des années 1980, ne passant pas le premier tour en 1990 pour sa dernière apparition. Néanmoins, le bilan est bien meilleur que celui de la Russie post-éclatement du bloc communiste.
Du temps de l’URSS, la Russie a systématiquement passé le premier tour, exception faite du Mondial 1990, terminant même au pied du podium en 1966, battu par la Portugal d’Eusébio. Depuis 1994, la Fédération de Russie ne s’est qualifiée qu’à trois reprises, sur six Coupes du monde. Chaque fois pour ne pas jouer plus de trois matchs et disparaître au premier tour. Pire : les résultats sont de moins en moins bons, la dernière campagne de 2014 (après avoir raté 2006 et 2010) s’étant conclu sans la moindre victoire pour la Russie. Pourtant, son groupe était loin d’être infranchissable (Belgique, Algérie, Corée du Sud).
La dégringolade s’est poursuivie à l’Euro 2016, où la Russie fut battu par la Slovaquie (1-2) et balayée par le Pays de Galles (0-3), après son nul contre l’Angleterre (1-1). La réception de la Coupe du monde cette année aidera peut-être les Russes à retrouver les matchs couperets en phase finale. Il faudra pour cela assurer dès le premier match contre l’Arabie Saoudite, car l’Uruguay a tout du match à zéro point, et l’Égypte enregistrera normalement le retour de Mohamed Salah en pleine forme physique.
La Russie contre le monde
Dans le détail du bilan russe en Coupe du monde, il en ressort de fortes disparités selon les adversaires rencontrés. Par exemple, une équipe russe ou soviétique n’a jamais perdu en Coupe du monde contre une sélection de la zone CONCACAF (Amérique du Nord, centrale et Caraïbes) ou africaine. Cependant, les résultats contre les nations nord-américaines est à relativiser, car la dernière confrontation remonte à 1986 (victoire 2-0 contre le Canada)
En revanche, la Russie n’a affronté les sélections africaines que depuis 1990, remportant trois matchs sur quatre. En 2014, l’Algérie a été la première équipe du continent à ne pas perdre. De quoi donner des idées à l’Égypte cette année.
De même, la Russie a historiquement bien réussi contre les nations asiatiques et océaniennes. La seule défaite fut concédée en 2002 contre le Japon, coorganisateur de l’épreuve. L’Arabie Saoudite, désignée comme l’un, voire le participant le plus faible de la prochaine Coupe du monde, donnera le ton de la campagne de Russie version 2018. Tout autre résultat qu’une victoire sera pratiquement synonyme d’élimination.
Parce que face aux ogres sud-américains, la Sbornaya (« équipe nationale ») n’a rien d’un empire. En neuf opposition, la Russie n’a obtenu que deux succès qui ont pris la poussière : en 1962 contre (tiens, tiens) l’Uruguay et quatre ans plus tard contre le Chili. Depuis 1970, la Russie contre l’Amérique du Sud c’est quatre matchs pour quatre défaites, avec un seul petit but inscrit (œuvre d’Andriy Bal contre le Brésil en 1982). Le revival du match contre l’Uruguay le 25 juin devrait, selon toute vraisemblance, perpétuer la série de déconvenue pour les Russes.
Enfin, dans ses oppositions contre les autres nations membres de l’UEFA, la Russie n’y arrive plus. De 1958 à 1986, l’URSS a remporté huit de ses seize confrontations contre les sélections européennes, concédant quatre nuls et quatre défaites. Depuis 1990, c’est le tarif sud-américain qui s’applique : quatre matchs, autant de défaites. Sans pour autant être tombée contre des monstres comme l’Allemagne ou l’Italie. La Roumanie (1990), la Suède (1994) et la Belgique par deux fois (2002, 2014) ont plombé les ambitions russes en Coupe du monde. La Russie ne pourra retrouver une sélection européenne sur sa route qu’en cas de qualification pour les huitièmes de finale. Elle croisera un qualifié du groupe B, comprenant le Maroc, l’Iran et… l’Espagne et le Portugal. Ici aussi, ça sent la continuité dans la défaite.
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Crédits photos :
Wikipedia Commons, Комплекс градостроительной политики и строительства города Москвы, Реконструкция стадиона «Лужники» в Москве (stade Loujniki), Licence CC 4.0
Wikipedia Commons, Владимир Майоров/Vladimir Maiorov/Władimir Majorow, Russian football player Andrei Arshavin during match against Andorra, Licence CC 3.0
Wikipedia Commons, Lindeboom, Henk / Anefo, Russische voetballers training voor de wedstrijd tegen Feyenoord, keeper Yashin in actie, Licence CC 3.0
Wikipedia Commons, Argentine Football Association, Argentina v. URSS at the 1979 FIFA World Youth Championship. Diego Mardona carrying the ball, domaine public
Wikipedia Commons, Steindy, Qualifikationsspiel zur Fußball-Europameisterschaft 2016: Österreich gegen Russland (1:0 / 0:0) am 15. November 2014, Licence CC 3.0
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